Sous la direction de Jean-François Delfraissy, Emmanuel Didier, Pierre-Henri Duée

Édition Odile Jacob

www.odilejacob.fr

2023

336 pages

Tarif indicatif de 24,90 €

 

Cet ouvrage collectif, publié sous l’égide de Jean-François Delfraissy, Emmanuel Didier et Pierre-Henri Duée, retrace l’histoire du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) depuis 40 ans. Est présenté un bilan des réflexions et de l’action du CCNE depuis sa création. Construire une éthique dans la cité était l’intention initiale lors de sa création en 1983. Il convenait de souligner la responsabilité sociale des chercheurs et surtout de combler le retard français dans l’éthique de la recherche. Il a été présidé par plusieurs personnalités éminentes nommées par le Président de la République, telles que Jean Bernard, Jean-Pierre Changeux, Didier Sicard, Alain Grimfeld et Jean-François Delfraissy, l’actuel président depuis 2017. Il s’agit d’un comité indépendant constitué aujourd’hui de 46 membres d’une grande diversité disciplinaire et appartenant à divers courants de pensée. Ils sont nommés sur proposition à partir d’institutions comme l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil d’État, la Cour de cassation, le Premier ministre et plusieurs ministres dont ceux de la Justice, de la Recherche et de la Santé. Le CCNE donne un avis consultatif et n’exerce aucun pouvoir. Cependant il constitue une autorité morale considérable et pèse fortement sur le débat public par la qualité et l’objectivité de ses avis.
Depuis 1983, le CCNE remplit une double mission de réflexion éthique et d’information et d’ouverture vers le public. Tout projet de réforme sur les problèmes éthiques et les questions de société dans son domaine de compétence est précédé d’un débat public sous forme d’États généraux, organisés à l’initiative du comité. Les principales thématiques abordées depuis 40 ans ont donné lieu à des avis et à des rapports. Par exemple, le premier avis du 22 mai 1984 concernait les prélèvements de tissus d’embryons et de fœtus humains morts. La question de la nature de l’embryon, qui a de fortes implications scientifiques et médicales, a été traitée par une dizaine d’avis, notamment l’utilisation d’embryons surnuméraires pour la recherche, le prélèvement de cellules souches totipotentes, le don de gamètes et d’embryons ou encore la réalisation de diagnostic préimplantatoire et prénatal. Les enjeux de la génétique ont été un important sujet traité par le CCNE, du fait des progrès fulgurants de la génomique et du développement de la médecine de prédiction qui pose des problèmes éthiques complexes. Il faut ajouter toutes les questions liées au handicap et à la fin de vie, au don d’organes, à l’assistance médicale à la procréation, qui intéressent particulièrement le grand public. Plus récemment, à l’occasion de la pandémie de Covid-19, s’est posée la question essentielle de la responsabilité de la personne au sein d’un collectif.
Le CCNE n’est pas qu’un outil de réflexion. Il se conçoit aussi comme un outil pédagogique pour diffuser le savoir et informer le public. À partir de 2004 ont été créés des Espaces de réflexions éthiques régionaux (ERER) dans le but de développer la formation éthique et professionnelle et d’animer l’éthique dans les territoires, en particulier en lien avec le public en jouant aussi le rôle de vigie pour le Comité national d’éthique. Les très rapides progrès scientifiques et technologiques posent constamment des questions éthiques nouvelles, comme le futur de la procréation, la réflexion sur la santé globale, le sens à donner au développement durable pour les futures générations, les relations entre la santé et l’environnement, sans oublier le défi du numérique et ses conséquences sociales et médicales.
Il s’agit d’un ouvrage passionnant qui fait un bilan synthétique du remarquable travail collectif du Comité national d’éthique depuis 40 ans, un éternel renouvellement devant les progrès scientifiques vus à l’échelle de nos sociétés. 

Patrick Berche